Difficile de passer à côté de Cardano ces derniers temps. ADA s’est installé pendant un moment à la troisième place du classement des cryptomonnaies en termes de marketcap, et durablement dans le top 6. Sa dernière mise à jour, le hard fork Mary, a été déployée le 1er mars 2021 et a permis à Cardano de devenir une blockchain multi-asset (multi-actifs). Une dernière étape avant le hard fork Alonzo, qui clôturera le développement de l’ère Goguen. On vous explique ce qu’il s’est passé et tout ce qui arrive.
Une roadmap bien maitrisée
Cardano a implanté ce 1er mars le hard fork Mary. Malgré les quelques semaines de retard sur la première date annoncée, la roadmap semble avancer à bon rythme (pour un projet de cette ampleur).
Ce hard fork, sans réelle répercussion sur le cours du jeton ADA, est néanmoins d'une grande importance dans la mise en place de Goguen et l'arrivée des smart contracts !
Cette évolution du prix à la baisse depuis le hard fork n'est pourtant pas liée à un quelconque problème ! C'est simplement une consolidation. Le hard fork Mary a été déployé sans problème majeur et a apporté avec lui son lot de fonctionnalités. Cependant, c'est le hard fork Alonzo, prévu pour le mois de juin, qui viendra compléter l'ère Goguen et apporter les smart contracts sur Cardano.
Qu'est ce que le hard fork Mary ?
Le hard fork Mary est la première brique qui va permettre à Cardano de s'attaquer aux smart contracts : les jetons natifs (native tokens).
Et c'est ici que Cardano innove ! Les jetons tiers créés sur la blockchain Cardano ne dépendront pas d'un smart contract pour opérer, mais seront gérés nativement sur la blockchain, au même titre que ADA. Cela aura plusieurs conséquences désirables par rapport aux autres réseaux comme Ethereum :
- D'une part, les frais de transactions pour ces jetons seront les mêmes que pour ADA (pas d'appels coûteux à un smart contract)
- Ils seront traités avec le même de niveau de sécurité par le réseau (pas de risque de bug dans un smart contract)
- Si certains noeuds du réseau se mettent à accepter le jeton, il sera même possible de payer ses frais de transaction avec ! Par exemple, si Sushiswap venait intégrer Cardano, vous pourriez payer vos transactions en Sushi !
Grâce au hard fork Mary, les développeurs peuvent déjà s'essayer à la création de jetons sur la blockchain sur Daedalus et ils ne se sont pas gênés, avec déjà plus de 700 jetons créés d'après CardanoAssets :
Mais ce n'est pas tout, ce hard fork a aussi permis à la blockchain Cardano d'intégrer les NFTs, ces fameux Non-fungible tokens (Jetons non-fongibles) dont on entend tant parler récemment. Ces jetons peuvent être identifiés et sont uniques et pourront servir une multitude de buts.
Le site cnft.io existe d'ailleurs déjà et permet d'échanger des NFTs sur la blockchain Cardano :
Ces NFTs peuvent déjà être échangés entre les adresses et visionnés dans votre portefeuille Daedalus. Et c'est bien évidemment seulement le début, étant donné l'engouement fou pour les NFTs dans le monde des cryptomonnaies.
En intégrant les jetons natifs et les NFTs, une première brique concrète est posée vers l'intégration des smart contracts, et ceux-ci pourraient bien être bien plus sécurisés que sur Ethereum. Mais les utilisateurs rongent leur frein et attendent avec impatience le hard fork Alonzo, qui permettra à ces premières briques de trouver tout leur intérêt.
Cependant, les jetons natifs créés aujourd'hui sur la blockchain Cardano ne peuvent pas encore être utilisé à leur plein potentiel. Certaines stake pools se sont amusées à miner leur propre token et le distribuer sur Twitter, mais sans les smart contracts, il est difficile de relier ces jetons à une utilisation réelle. Il est toutefois déjà possible d'imaginer des cas d'utilisation.
D'autres protocoles, comme Liqwid par exemple, ont pu créer les LQ tokens (des jetons de gouvernance) qui serviront à lancer le protocole Liqwid mais ne pourront pas déployer leur produit tant que les smart contracts ne seront pas en place.
Mais les jetons natifs sur la blockchain Cardano pourront aussi être créés grâce au langage Plutus, lorsque celui ci sera disponible. Aujourd'hui, il existe de nombreux "ensemble de règles" nommés "policies", qui permettent à n'importe quel utilisateur de créer un jeton natif possédant des règles. Pour le moment, il est uniquement possible d'utiliser une policy multisig (pour multi-signature) pour créer des jetons. Lorsque Plutus sera disponible, il sera possible d'intégrer de nouvelles règles à ces policies et de créer des jetons de manière plus complexe (par exemple, la possibilité de créer des jetons une seule fois et de retirer cette fonctionnalité à tout jamais)
Le hard fork Mary est donc une grosse brique pour l'avancée de la blockchain, mais qui reste plus portée sur les fondamentaux que sur les applications. Les applications de ces briques fondamentales restent limitées avant la sortie du hard fork Alonzo et il est donc compréhensible que ce hard fork n'ait pas suffit à chambouler les marchés. Néanmoins il reste encourageant de voir que le déploiement s'est passé sans accroc et que toutes les fonctionnalités annoncées sont présentes et fonctionnelles : un bon signe pour le prochain hard fork, qui signera lui l'arrivée des smart contracts.
Qu'est ce que le hard fork Alonzo ?
Le Hard fork Alonzo est celui qui rendra l'execution de smart contracts possible sur le mainnet. Il peut être un petit peu compliqué de comprendre ou en est l'évolution du projet lorsqu'on essaie de suivre la roadmap car de nombreuses choses sont développées en parallèle sur Cardano :
En bleu, le Mary hard fork, que nous avons passé en détail juste avant. La ligne verte représente quant à elle le moment ou les smart contracts seront déployés sur la blockchain Cardano.
On peut donc voir qu'une bonne partie du chemin a déjà été accomplie. Que reste-t'il à intégrer ?
La modification la plus importante qu'apportera Alonzo est l'intégration de Plutus Foundation au mainnet. Plutus est le langage des smart contracts sur la blockchain Cardano, qui repose sur Haskell, un langage de programmation fonctionnel. Tout ceci est un peu technique, mais non sans aucun but : la blockchain Cardano est en passe de devenir la première blockchain capable d'exécuter des smart contracts dans un langage vérifiable. Ce travail fondamental réalisé autour de Plutus permettra à la blockchain Cardano d'exécuter des smart contracts sur lesquels il est possible d'obtenir des preuves logicielles.
Les preuves logicielles sont utilisées, en général, dans les secteurs où le coût de l'erreur est immense. Par exemple, si un bug déclenche un crash d'avion ou l'échec d'une mission sur mars, ça valait probablement le coup de passer un peu de temps à prouver que les logiciels vont bien fonctionner. Ces mécaniques sont particulièrement utilisées par l'aéronautique : des ingénieurs passent beaucoup de temps à prouver, par exemple, que le programme ne fera jamais de division par zéro, de dépassement de tampon, ou d'autres fâcheux évènements.
Il est facile de concevoir comment les preuves logicielles pourraient avoir un intérêt sur des contrats qui iront héberger des millions ou des milliards de dollars. En réalité, il se pourrait que ça soit l'un des critères principaux de sélection pour les géants de la finance, le jour où il se décideront à basculer progressivement vers les cryptomonnaies. On voit mal Goldman Sachs aller YOLO son portefeuille sur PancakeSwap.
Néanmoins, maîtriser le Haskell ne sera pas nécessaire pour ajouter des smarts contracts sur Cardano. Grâce au KEVM qui est déjà disponible, les smart contracts développés en Solidity (le langage Ethereum, utilisé sur l'énorme majorité des plateformes) pourront être directement portés sur la blockchain Cardano, afin de permettre une migration depuis ces plateformes. Cardano n'a pas oublié qu'une des clé du succès, pour une blockchain, c'est aussi d'attirer les développeurs.
Grâce à tous ces outils, Cardano ambitionne donc de devenir la plateforme de smart contracts la plus sûre et la plus apte à héberger les besoins des particuliers, des sociétés, mais aussi (et SURTOUT) des institutionnels.
Basho et Voltaire
Après Goguen, il restera encore pas mal de développements sur la todolist d'IOHK, qui n'ont rien à envier à Goguen !
Les ères Basho et Voltaire, qui suivront l'ère Goguen dans laquelle nous sommes entrés ont deux objectifs bien précis :
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Basho se dédiera à la croissance de la blockchain, et visera à améliorer l'inter-operabilité et la scalabilité du réseau. Sans rentrer dans le détail, l'intégration de sidechains (des blockchains parallèles qui n'ont pas besoin de récupérer l'intégralité de la blockchain principale) permettra à Cardano d'augmenter grandement son TPS tout en conservant des frais bas.
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Voltaire est une ère dédiée à la gouvernance. Aujourd'hui, plus de 70% des ADAs en circulation sont délégués à des stake pools et permettent au réseau d'opérer. Cardano a pour objectif de devenir une blockchain appartenant intégralement à ses utilisateurs. Les différentes entreprises qui travaillent aujourd'hui sur le projet (IOHK, Emurgo, etc.) ne conserveront aucun pouvoir sur la blockchain une fois cette ère finalisée. Les décisions concernant le développement de la blockchain, son évolution, les investissements à effectuer avec la trésorerie, etc. seront prises grâce au vote des détenteurs d'ADA.
Des prochains mois mouvementés ?
Le développement des différentes phases de Cardano s'effectue en parallèle. Il est donc facile de se perdre parmi toutes les annonces et de ne plus comprendre ce qui concerne quoi ! Faisons un petit résumé des questions en suspens et des choses à venir qui ne concernent pas les fonctionnalités de la blockchain :
Les paramètres des stake pools
Comme vous le savez peut-être si vous possédez des ADA, les stake pools permettent au réseau Cardano d'opérer et se voient récompenser lorsqu'elles sont selectionnées pour valider un bloc. Leur chances de sélection pour le prochain bloc dépendent de la quantité d'enjeu qu'elles ont rassemblé. Cet enjeu correspond au nombre d'ADAs qui leur ont été délégués.
C'est là qu'interviennent un certain nombre de paramètres, qui permettent à la blockchain de déterminer à quelle stake pool elle va attribuer le prochain bloc, comme par exemple :
- Le paramètre d, qui détermine le nombre de blocs minés par les noeuds de IOHK, l'entreprise responsable du développement de la blockchain Cardano. Au 30 mars 2021, dans moins d'un mois, ce paramètre atteindra 0. Cela signifiera que tous les blocs sur Cardano sont minés par des stake pools.
- Le paramètre k, dont vous avez peut être entendu parler : le nombre de stake pools minant la grande majorité des blocs (92%). Si k = 500, le réseau s'organise de façon 92% des blocs soient validés par au moins 500 stake pools différentes. Si k = 1000, c'est au moins 1000 stake pools qui interviendront pour 92% des blocs minés.
- Le paramètre a0, qui récompense les opérateurs de stake pool (comme Stakepool.fr) lorsque leur pledge est élevé. (La somme d'ADA qu'ils ont déposés sur leur stake pool).
Même si un changement du paramètre k (le passage de 500 à 1000) était une information qui avait été communiqué par IOHK, un récent article publié par IOHK a indiqué que pour faire face à certaines problématiques, les formules de récompenses allaient devoir être modifiées.
Le passage à k=1000 a été repoussé afin d'étudier un rééquilibrage des paramètres du réseau, afin de faciliter et d'accélérer encore la décentralisation du réseau (qui est déjà plus décentralisé que Bitcoin et Ethereum !).
Le sujet épineux du listing Coinbase
Le non-listing de ADA sur Coinbase reste surprenant. Comment est-ce qu'une plateforme d'échange aussi populaire et utilisée peut-elle ignorer l'une des principales cryptomonnaie du marché (entre #3 et #6). Il semblerait que Coinbase ne soit néanmoins pas l'exchange le plus réactif : Polkadot pas listé non plus.
Cette absence d'ADA sur Coinbase mène à de nombreuses spéculations, mais la réalité est qu'aucune annonce n'est faite allant dans ce sens. Coinbase ainsi que IOHK restent silencieux sur le sujet et ne semblent pas décidé à en parler.
Il est fort probable que Coinbase finira par lister ADA parmi ses cryptomonnaies disponibles, mais nous ne nous attendons pas à lire cette nouvelle demain. A moins que ça soit Coinbase, la mystérieuse adresse qui détient 750 millions d'ADA ?
Dans tous les cas, il reste facile de se procurer des ADAs et Coinbase, entre bugs récurrents et blocage des fonds gagnés grâce au Coinbase Earn devient de plus en plus une plateforme dont peut se dispenser. Si l'interface peut sembler attractives aux nouveaux venus, les frais, eux, sont nettement plus élevés qu'ailleurs, et entâmeront sérieusement vos gains.
Le Catalyst Fund, un outil puissant pour le développement
Nous vous en avions déjà parlé, le projet Catalyst est une pierre importante de l'écosystème Cardano !
Le fonctionnement du projet Catalyst est simple : Des fonds en ADA ont été bloqués à la création de la blockchain. A chaque "round", un certain nombre d'ADAs est débloqué et un vote de la communauté selectionne les projets qui méritent d'être subventionnés.
Lors du Fund2, c'est 250 000$ qui avaient été débloqués pour financer 11 projets. Le Fund 3 contenait quant à lui 500 000$, et 1 million de dollars pour le Fund4 dont les propositions sont déjà disponibles ici.
Grâce à ces fonds, Cardano s'assure la possibilité de financer les développeurs essayant de créer des applications utiles à l'écosystème et laisse déjà la communauté décider de ces évolutions. Une preuve de concept pour Voltaire ? Peut-être. Reste à voir les projets qui aboutiront de ces nombreux financements !
ADA peut-il encore monter ?
Comme on peut le voir, ADA est une cryptomonnaie qui a plutôt connu un bull run positif. Dans notre premier article sur cette cryptomonnaie, nous estimions qu'elle atteindrait au moins le dollar dans ce bull run, qui représentait déjà un x10. ADA a dépassé toutes les prévisions en s'envolant jusqu'à 1,40$ et en dépassant son ancien ATH, atteint il y a plusieurs années à la sortie du token, et a maintenu le prix de 1$ durant le dernier dip du marché.
Le bull run n'est pas terminé. Lorsque les marchés repartiront à la hausse, ADA, pourrait bien reprendre sa route, lui aussi. Si, comme l'attendent les analystes, Bitcoin devait réaliser encore au moins un x2 et Ethereum un x4, il y a fort à parier qu'ADA pourrait bien encore obtenir des résultats similaires, voir peut-être meilleurs !
En attendant le prochain ATH, bon staking à tous ;)