Il y a de ces concepts qui rendent riches leurs créateurs en un tour de bras. BTCST en est un.
Si vous êtes un habitué du yield farming, vous avez dû croiser le BTCST. C'est un token qui est actuellement farmable sur différentes plateformes. Introduit sur Binance le 13 janvier 2021, le prix token s'est rapidement stabilisé aux alentours des 70$.
Le BTCST, Bitcoin standard hashrate token
Cette cryptomonnaie singulière, émise par le Standard Hashrate Group propose de tokeniser du hash power. Pour devenir un miner de Bitcoin, plus besoin de vous équiper en machines haut de gamme spécialement conçues et d'aller pêcher des deals juteux avec les fournisseurs d'énergie : Il vous suffit désormais d'acquérir des BTCST et de les staker dans le protocole DeFI prévu à cet effet.
Le BTCST est un jeton qui est collatéralisé par 0.1 Terahash/seconde de hash power. Chaque jeton staké dans le protocole rapportera les récompenses de minage associée à ce hash power, moins les frais d'électricité et le coût humain de gestion des machines. L'équipe de BTCST se charge de collaborer avec différentes pools afin de mettre en place un réseau au hashrate important. Une fois que le réseau a été testé, le hashrate et la consommation d'électricité observées et validées, des jetons BTCST sont émis et mis en vente sur les différents exchanges.
Un investissement discutable
Dans le monde des affaires, on calcule en général un investissement sur 3 ans.
Considérons une acquisition d'un BTCST pour l'exemple. D'après différents sites d'estimation de récompenses de minages, vous pourriez aujourd'hui récupérer un maigre 0.0002246 BTC chaque année, ou 61 satoshis par jour. Les statistiques affichées sur le site DeFI du BTCST, elles, vous octroiraient aujourd'hui 347 satoshis, notamment grâce à la présence d'un mystérieux boost factor actuellement défini à 8.5x.
Si la calculatrice vous indique que 61 satoshis multipliés par 8.5, ça devrait vous donner 518 satoshis de récompense journalière, il ne faut pas oublier que les coûts de fonctionnement (énergie et moyens humains) sont déduis des récompenses. Sans ce boost factor (nul ne sait combien de temps il sera là), il faudra alors vous attendre à une récompense de 40 satoshis par jour par token BTCST, environ, soit 14600 satoshis par an, ce qui vaut environ 4,47 euros au cours actuel du bitcoin.
En trois ans, vous aurez accumulé 43800 satoshis de récompenses, soit 13,41 euros. Le ROI annuel du BTCST se situe aux alentours de 6%, ce qui n'est pas extraordinaire pour une cryptomonnaie. Certes, le Bitcoin peut également monter, mais dans ce cas, vous auriez probablement réalisé de meilleurs profits si vous en aviez directement acheté avec vos 70€. Quitte à prendre le risque de bloquer des jetons dans des smart contracts, il existe aujourd'hui des alternatives plus rentables.
Le casse du siècle
Si l'idée de tokeniser du hash power est novatrice, le véritable coup de génie du BTCST ne se situe pas tout à fait là.
En effet, si les jetons vendus sur le marché viennent rembourser les investissement initiaux en machines, seuls les jetons bloqués dans le smart contract rapportent des Bitcoin à leur possesseurs. Hors, il est absolument inconcevable que l'ensemble des jetons émis soient stakés dans le protocole. Exchanges, DeFI, prêts, tous ces processus voudront avoir leurs parts de jetons : il faut bien que vous puissiez les acquérir quelque part. D'autre part, si le jeton est trop distribué, il ne sera pas staké non plus : qui irait payer 5€ de frais de transaction en Ethereum pour envoyer un tiers de jeton dans protocole ?
Mais alors, qui récupère les Bitcoins minés correspondant à ces jetons non stakés ? Le Standard Hashrate Group, bien sûr ! A quel point cette affaire leur est profitable ? Voyons un peu les statistiques du site :
Sur un millions de jetons BTCST émis, seul 70000 sont actuellement bloqués, soit environ 7% des jetons en circulation. Les acheteurs de BTCST ont donc (au moins partiellement) remboursé les machines du Standard Hashrate Group en échange de 7% des récompenses ! Si ce chiffre peut évoluer avec le temps, il est peu probable qu'il atteigne un jour les 50%.
Et où iront les profits réalisés ? Probablement dans d'autres machines. Quand on a une affaire qui tourne, ça serait idiot de ne pas la développer, non ?
Du bitcoin sponsorisé au charbon
On serait admiratif de cet ingénieux système, si les mining pools choisies n'étaient pas hébergées en Chine. En effet, il est plus que probable que tout ceci soit alimenté au charbon, ce qui ne va pas arranger le bilan déjà catastrophique du Bitcoin.
La Chine possède un mix énergétique catastrophique, et il est grand temps de se rappeler qu'on a qu'une planète.
Si la prouesse du Standard Hashrate Group mérite d'être saluée, nous deviendrons réellement admiratif lorsque celui-ci s'engagera vers des sources d'énergies moins polluantes. Espérons que d'autres voix viennent nous donner écho.